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AFRIKA So SIKA

Mercredi 19 septembre 2012 à 12:42

Pendant longtemps, le continent noir a essentiellement été un simple «déversoir» pour toutes les productions venues du reste du monde. Il y a encore quelques temps, les Africains étaient avides de produits occidentaux qui leur servaient à se mettre en avant. Aujourd'hui ce n'est plus le cas, car depuis peu l’Afrique s’est réveillée. Elle a commencé à développer de façon spectaculaire ses propres programmes.

Dans la grande majorité des cas, les cinémas africains les plus intéressants (notamment ceux qui sont représentés dans les festivals) restent dépendants des aides extérieures puisque les conditions économiques sont rarement réunies pour qu'une vraie industrie puisse exister.

A lui seul, le Nigeria produit 2.000 films par an. Il a donné naissance à l'Industrie de Nollywood
qui taille des croupières aux productions occidentales, dans toute l’Afrique, notamment dans les pays anglophones.
 
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La qualité des productions est souvent piètre. Le budget d’un tournage peut être inférieur à 20.000 euros. Mais le public n’en a cure. Le secret de Nollywood: raconter des histoires africaines avec des personnages africains.

Selon The East African, hebdomadaire de référence en Afrique orientale:
«Nollywood a sa recette du film à succès: intrigue enlevée et prévisible, avec un début et une fin tendus. On y trouve également de la sorcellerie. La chrétieneté se heurte à la tradition, et la culture africaine au mode de vie européen. Ce sont pour la plupart des productions qui exploitent à fond des thèmes à sensation (sexe, criminalité, drogue et familles éclatées).»

Les maisons de production se sont regroupées dans le quartier de Surulere. Imitant le système des grands studios hollywoodiens, des maisons abritent des bureaux de production, des salles de montage, des entrepôts de matériel - mais pas de plateaux de tournage (le pays n'en compte pas et les films se tournent en décor naturel).
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Le budget moyen d'un long-métrage est de 12 000 euros et son tournage dure une semaine environ.
A cet effet, les réalisateurs utilisent des plans et des zones de projections non coûteux, du matériel bon marché, la post-production du film (montage, mixage, étalonnage) a lieu très rapidement après le tournage, pour permettre une sortie rapide.
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Outre qu’elle crée des emplois, cette nouvelle industrie a aussi permis de changer l’image que les Africains ont de leur culture et de leur continent. The East african n’hésite pas à prêter une influence considérable à cette nouvelle production:
«Nollywood en contribuant à forger l’image identitaire noire est devenu le vecteur culturel le plus puissant depuis l’arrivée du christianisme. L’homme noir incarne l’action. Le héros à la vie pleine se retrouve au centre d’un monde entièrement noir. A l’évidence, les millions de personnes qui regardent les films nollywoodiens ressentent quelque chose qu’Hollywood ne leur offre pas. L’effet à terme de ce phénomène va au-delà de ce que les panafricanistes d’il y a trente ans auraient osé rêver.»


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Avec un temps de retard, l’Afrique francophone s’est également lancée dans l’aventure. Le Burkina Faso exporte ses feuilletons dans toute l’Afrique francophone. Des cinéastes de renom, tels que Idrissa Ouédraogo participent aussi à l’aventure des sitcoms.

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Là aussi, ces productions sont très éloignées des canons occidentaux. «Bulles rafraîchissantes, les feuilletons burkinabés échappent presque toujours au schéma des séries préfabriquées anglo-saxonnes, moins par indépendance d’esprit que par heureuse méconnaissance de ces stéréotypes», souligne
Le Journal du Jeudi
, un hebdomadaire burkinabé. L’Afrique crée ses propres héros populaires.

Ainsi au Sénégal, le succès de Goorgoorlou
[Le débrouillard en wolof] a été immense. D’abord personnage d’une bande dessinée locale, Goorgoorlou s’est imposé sur les écrans sénégalais. D’autant plus facilement qu’il s’exprimait en wolof, la langue la plus utilisée à Dakar.
Les séries ivoiriennes connaissent elles aussi un grand succès et amuse beaucoup dans l’Afrique francophone en depit des difficultés liées à la production. On citera entre autre « Ma Famille » qui a fait un carton sur tout le continent et auprès de la diaspora africaine.

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Selon le cinéaste Ivoirien Hyacinte HOUNSOU Yao " les procédures de financement de films sont extrêmement longues et n’aboutissent que très rarement en Côte d'Ivoire"
Il ajoute qu' "Aujourd’hui, aucune structure viable ne permet aux cinéastes ivoiriens de financer correctement leurs films. Le seul système d’aide est le Fond national de solidarité (FNS) qui dépend du ministère de la Jeunesse. S’il est séduits par votre projet, il peut vous prêter un peu d’argent mais la somme doit intégralement être remboursée au bout de 5 ans. C’est un pari risqué. Il existe d’autres organismes mais les procédures sont extrêmement longues. Il faut faire des va-et-vient permanents et ça n’aboutit que très rarement."

"les scénarios sont très souvent plats ou ne tiennent pas la route, les lieux de tournage trop restreints, les lumières mauvaises et le cadrage approximatif. C’est désolant, mais je ne suis pas capable de vous citer plus de cinq films qui ont marqué l’histoire de notre cinéma national. Le problème, c’est qu’ici le secteur du cinéma n’est pas encore professionnalisé. Ceux qui ont filmé un baptême se disent caméraman ! Il nous faut des écoles de cinéma de qualité et soutenues par les services publiques."
 
Après les mauvaises publicités faites par les médias étrangers sur l'Afrique les gens à l'extérieur ont du mal à se représenter positivement notre continent. Le cinéma peut y contribuer en montrant la beauté de nos paysages et de notre culture, loin des images de désolation habituelles. Les membres de la diaspora devraient avoir accès à de beaux films africains qui les rendent fiers de leur continent.

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