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AFRIKA So SIKA

Mardi 18 septembre 2012 à 16:09

Le pagne wax encore appelé « tissu africain » est un tissu en coton imprimé de qualité supérieure servant à la confection de vêtements d’une grande renommée. Son origine remonte à l’époque de l’arrivée des premiers Européens en Afrique de l’Ouest. Sa technique s'inspire des Batiks Javanais, réalisés avec des cires hydrophobes (Wax signifie «cire»). La création et le tissage de ces pagnes ont donné lieu à une véritable industrie, semi-artisanale pour le vrai pagne Wax (il existe des versions imprimées de faux-wax) très dynamique. Les motifs, parfois humoristiques ou populaires (images de héros de série télévisé, formules chocs…) en sont dessinés.
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En 1799, la Hollande possède plusieurs colonies en Indonésie. Au XIXe siècle, les révoltes incessantes qui s’y déroulent, décidèrent les Hollandais à recruter et à former des mercenaires sur les côtes d’Afrique de l’Ouest où ils possédaient déjà quelques comptoirs commerciaux. C’est ainsi que les hommes du royaume ashanti, situé en Côte de l’or, l’actuel Ghana, partirent combattre à Bornéo et à Sumatra. Après avoir rendu de loyaux services à leurs employeurs, ils retournèrent dans leur pays les malles remplies de jolis batiks indonésiens. Ces tissus eurent un succès foudroyant aussi bien auprès de l’aristocratie qu’auprès de tout le peuple ashanti. Le pagne batik allait bientôt acquérir la même valeur que l’or dans toute l’Afrique de l’Ouest et notamment dans ce « royaume de l’or ».

Les Hollandais, en commerçants avisés, s’aperçurent rapidement du profit qu’ils pouvaient tirer de cet engouement. C’est ainsi qu’ils installèrent chez eux, en Hollande, des usines dont le seul but était d’inonder l’Afrique de l’Ouest de pagnes inspirés du modèle indonésien et fabriqués selon la technique de la cire perdue. Ces pagnes sont nommés des wax, mot qui signifie cire en anglais. Le pagne wax venait donc de naître. Des commerçantes de ces étoffes apparaissent un peu partout dans les grandes villes de l’ouest africain. Une classe de femmes riches vient de voir le jour. Au Togo, on les appelle les « Nanas Benz » parce qu’elles ne se déplacent qu’en voiture de luxe Mercedes-Benz et possèdent souvent plusieurs hôtels dans différents pays africains. Au départ, toutes les femmes allaient se ravitailler au Ghana. Puis quelques années plus tard, elles ont commencé à acheter directement leurs marchandises chez les Hollandais.

Le pagne n’est plus seulement un vêtement, mais une valeur de référence, un signe de reconnaissance sociale, un symbole reconnu et admis par tous. Les grands événements de la vie : fiançailles, mariage, cérémonie de baptême, de confirmation, cérémonie de fin d’apprentissage, anniversaire du débarquement des premiers missionnaires, funérailles, fêtes nationales… sont marqués par la « sortie » d’un nouveau modèle dont on garde précieusement un échantillon en souvenir.

Vu le succès sans cesse croissant de ces pagnes, plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest installent des usines de fabrication de wax dans leur capitale ou à proximité, pour rivaliser avec le wax hollandais. Celle du Dahomey s’appelait SODATEX (Société Dahoméenne de textile) devenue aujourd’hui SOBETEX (Société Béninoise de Textile), celle de la Côte d’Ivoire s’appelle UNIWAX, celle du Sénégal se nomme SOTIBA SIMPAFRIC…De nombreux lycéens prennent des cours de dessins afin de proposer de nouveaux motifs aux sociétés de textile. Ces dernières en sortent plusieurs par mois.

L’usine du Bénin sort trois qualités de tissu : le wax, le védomè et le chivi. Le premier possède les mêmes qualités que le wax hollandais on l’appelle aussi chigan. Le deuxième est d’une qualité intermédiaire, le dernier est moins épais et déteint considérablement au lavage.

En Côte d’Ivoire, UNIWAX fabrique du wax et du print, tissu de qualité inférieure au wax. Les prix diffèrent selon la qualité du tissu.

Le wax a toujours de très belles couleurs. C’est un tissu d’une épaisseur normale. Il ne déteint pas. Il est agréable à porter.

Divers noms sont donnés aux modèles sortis, toute provenance confondue : « Tu sors, je sors », sur ce modèle, on voit un oiseau sortir d’un nid et un autre prêt à le suivre ; « Feuilles de piment », le motif est d’un fond jaune avec des feuilles ; « Mon mari est capable », « Ton pied mon pied », « Fleur d’hibiscus » « Quand femme passe les hommes trépassent », « L’œil de ma rivale », « Z’yeux voient, bouche parle pas »… Les femmes élégantes du Togo, du Bénin, d’Abidjan… rivalisent d’imagination pour baptiser le dernier modèle qu’elles convoitent, et d’ingéniosité pour être la première à le porter.

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De nombreuses jeunes filles embrassent le métier de couturière. Celles de parents aisés vont dans des écoles de couture en Europe. Certains hommes font de même. Des salons de haute couture s’ouvrent un peu partout dans les capitales des différents pays d’Afrique de l’Ouest. Les stylistes font preuve de créativité.

« Soleil levant », « Six étoiles », « Diamant rose », « Mamiwata », « Emeraude »… ce sont des surnoms de femmes. Ces grandes dames de Cotonou et de Lomé possèdent leur styliste. Le tissu, une fois acheté, est remis discrètement à cette dernière qui doit impérativement proposer à sa cliente un nouveau modèle de vêtement. S’il ne lui plaît pas, elle doit en proposer d’autres jusqu’à ce qu’elle soit satisfaite. Ces femmes n’hésitent pas à injurier l’imprudent qui s’aventure à insinuer que le modèle qu’elles portent a déjà été porté avant elles.

Malgré ce succès foudroyant, le pagne wax connaît un léger déclin dans les années quatre vingt.

Les jeans et les tee-shirts « made in China » ont commencé à envahir le marché ouest africain. Petit à petit, les jeunes et certains adultes se détournent du pagne wax qui coûte excessivement cher. La concurrence étrangère envahit le marché bien souvent grâce à la complicité des services de douane.

C’est à cette époque qu’une styliste béninoise, installée en Côte d’Ivoire aura une idée sensationnelle : redéfinir la mode.

Jusqu’aux années quatre vingt, seule la communauté africaine étrangère portait du wax en Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens s’habillaient comme les Européens. Ce n’est qu’après 1980 que la styliste béninoise appelée Gisèle Gomez va lancer la mode du wax en créant un grand nombre de vêtements à partir de ce tissu. La nouvelle se propage dans toutes les capitales des pays ouest africains. Les femmes riches se rendent régulièrement à Abidjan pour se faire coudre le dernier modèle sorti. Les Ivoiriens aussi se mettent à la mode du wax.

Au début des années quatre vingt dix, le bazin et le super-bazin vont faire leur apparition. Ce sont des tissus unis avec ou sans dessins. Le premier est rêche et fin, le deuxième est très rêche et plus épais. Les vêtements en bazin ou super-bazin sont le plus souvent brodés.

Malgré cette dernière nouveauté, et un engouement pour le tissu traditionnel africain en coton tissé à la main et pour le lessi (tissu tout en dentelle, très apprécié des Nigérians), le wax garde la première place de pagne porté en Afrique de l’Ouest.

Les Sénégalais qui avaient un penchant pour le super-bazin se mettent à s’habiller en wax.

Les Ghanéens, quant à eux, ne se sont vraiment jamais détournés du wax.

De nos jours au Bénin, ce n’est plus un modèle de wax que l’on choisit pour un enterrement, mais trois différents :

- Celui que porteront les enfants du défunt ou de la défunte.

- Celui que mettront les petits enfants

- Et enfin celui dont se vêtiront les amis de la famille et les autres personnes présentes.

Aujourd’hui, le wax est devenu un tissu classique en Afrique de l’Ouest.

On distingue actuellement sur le marché africain :

- Le wax hollandais.

- Le wax africain.

- Et le wax anglais.

La renommée du wax dépasse les frontières de l’Afrique, et ce pagne se rencontre non seulement dans tous les pays africains mais aussi en Europe, notamment à Barbès à Paris où plusieurs boutiques proposent des modèles européens et africains.

L’été, on voit dans la ville de Paris, de plus en plus d’Européens habillés en wax.

Source : La REVUE DE TEHERAN

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